Un projet de loi présenté récemment par le sénateur de l’Ohio Sherrod Brown a fait couler beaucoup d’encres dans les dernières semaines. En effet, le démocrate a lancé une idée folle, mais qui pourrait bien aider les résidents de son état autant du côté des manufacturiers que des acheteurs. Le politicien, issu d’une région bien connue pour ses nombreuses usines de pneus, a mis de l’avant un projet qui pourrait offrir un crédit d’impôt allant jusqu’à 30% du coût du remplacement de la bande de roulement sur les pneus rechapés. Évidemment, l’Ohio est bien loin de chez nous et un tel projet de loi n’est pas encore à l’étude au pays, mais rien ne nous empêche de rêver!
Combiner économie et écologie
Effectivement, selon le sénateur Brown, il y aurait de quoi rêver. Alors que le marché local est de plus en plus occupé par des produits bon marché, souvent issus de Chine, ce projet de loi pourrait permettre de conserver des emplois dans le secteur du pneu. Ces produits sont loin d’être mauvais et sont très efficaces lorsqu’il s’agit de rouler en toute confiance pendant quelques saisons. Or, lorsque vient le temps de remplacer la bande de roulement, la qualité moindre de ces pneus peut rendre la tâche difficile. Aux États-Unis, les consommateurs sont moitié moins susceptibles de rechaper les pneus bon marché en comparaison avec les marques premium bien connues.
Les conséquences ne seraient donc pas simplement économiques, mais aussi écologiques. En offrant un crédit d’impôt sur les pneus rechapés, le sénateur espère pouvoir raviver le marché des pneus haut de gamme, préférablement américains. Cela aurait pour effet de protéger les emplois locaux, mais réduirait aussi l’impact environnemental lié à l’achat de nouveaux pneus. Évidemment, c’est une nouvelle accueillie à bras ouvert par les manufacturiers de l’Ohio, dont le mieux connu est sans doute Goodyear.
Les flottes commerciales d’abord
Outre les particuliers, ce sont surtout les compagnies de transport ou qui opèrent de vastes flottes qui sont visées par ce projet de loi. C’est tout à fait normal puisque l’économie de temps et d’argent est multipliée lorsque le nombre de véhicules augmente. Plutôt que de payer complètement la procédure, ces entreprises pourraient bénéficier d’un pneu rechapé moins cher et potentiellement plus efficace qu’un pneu bas de gamme neuf.
Bien sûr, tout n’est pas rose. Les critiques accusent Brown de diminuer les compagnies asiatiques alors qu’elles offrent pour la plupart des produits parfaitement adéquats et sécuritaires. Certains vont même jusqu’à dire que cette augmentation du nombre de pneus rechapés pourrait contribuer à une augmentation des accidents liés aux bris de pneus. Si Goodyear a indiqué être pour ce nouveau projet de loi, il se pourrait que les répercussions sur l’entreprise soient plus négatives que prévues alors que de moins en moins d’automobilistes se tourneraient vers le marché du neuf.
Personnellement, j’ai du mal à me faire une idée sur la question, mais je crois qu’un équilibre entre qualité et écologie se doit d’être atteint. Encore faudrait-il voir ce genre de projet prendre forme au Canada! Voudriez-vous voir ce genre de crédit d’impôts arriver chez nous?