Le développement d’une nouvelle génération de pneus, c’est plus qu’une simple histoire de design. C’est souvent le résultat de plusieurs années, voire de décennies de recherche dans les domaines de la chimie, du génie mécanique et même de la physique. Dans une étude publiée en septembre dans le périodique Applied Physics Letters, on peut voir un exemple direct de comment la science peut permettre d’améliorer les pneus de demain. En observant l’interaction entre deux composantes majeures de la gomme des pneus automobiles, le polybutadiène et le noir de carbone, les résultats des chercheurs pourraient permettre d’obtenir des pneus plus solides et plus efficaces.
Observations au niveau atomique
Ce qui rend ces résultats si particuliers, c’est la méthode utilisée par les scientifiques de l’Université de Tokyo, l’Université d’Ibaraki et le European XFEL, un projet d’imagerie par lasers. C’est d’ailleurs grâce aux appareils à rayons X ultra-sophistiqués de cette dernière organisation que l’équipe a pu observer au niveau atomique le frottement entre les molécules de polybutadiène et différents types de noir de carbone. Leur conclusion? Ce ne sont pas tous les noirs de carbone qui sont égaux!
En effet, lors de la conduite, le frottement avec la route amène les deux particules à bouger l’une sur l’autre à l’échelle microscopique, ce qui peut étrangement influencer la longévité des pneus. Avec certains types de noir de carbone, le polybutadiène était capable de se déplacer beaucoup plus facilement. On dit donc qu’il est plus mobile. Une molécule plus mobile donne un produit qui se détériore plus facilement, ce qui est évidemment un problème alors que la plupart des pneus sont aujourd’hui conçus pour une longévité maximale.
Et pour l’industrie?
Cette étude peut sembler presque anodine, mais l'œil averti peut facilement reconnaître son importance sur le monde du pneu! Outre ses résultats, certes très intéressants, c’est surtout sa méthode qui pourrait changer la donne pour les entreprises. Il serait maintenant possible aux Pirelli, Bridgestone et Michelin de ce monde de vérifier pratiquement en temps réel l’interaction entre les différentes molécules de ses additifs. Grâce à ces techniques nouvelle génération, il leur serait donc également possible de personnaliser au niveau atomique les caractéristiques de leur gomme pour un produit encore plus efficace.
Évidemment, il faudra sans doute attendre un moment avant que cette technologie fasse véritablement son entrée sur la chaîne de production, mais on a bien le droit de rêver! Après tout, qui sait de quoi auront l’air les prochaines versions des Yokohama Geolandar ou des Goodyear Eagle Sport? Avec une meilleure maniabilité et encore plus robustes, ce seraient véritablement les pneus du futur…